Le commerce équitable est un système d'échange dont l'objectif est de parvenir à une meilleure égalité dans le commerce conventionnel. Sa démarche consiste à utiliser le commerce comme un levier de développement et de réduction des inégalités, en veillant à la juste rétribution des producteurs. (Source: wikipedia)
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Design équitable
L'égalité n'est pas toujours le meilleur système : L’équité c’est moins d’égalité, mais plus juste. On tiens compte des besoins spécifiques de chacun.


On va par considérer le design dans sa globalité (le projet, la conception, et pas seulement l’aspect visuel). Comme pour le café, le design équitable doit profiter à toutes et à tous : créateurs, diffuseurs/éditeurs, utilisateurs. Le design doit être centré sur l’humain et non sur le produit.
Comme pour la qualité web, on ne peut pas atteindre l’équité absolue, on peut par contre s’en approcher. (Pour moi ça fait partie de la qualité web). Pas question ici de dire qui a raison ou qui a tord... je veux juste donner des pistes de réflexion et montrer des alternatives, d’autres manières de travailler, par rapport à mon expérience personnelle.
Que serait un design équitable ?
Je suis graphiste freelance depuis 2004, j’ai travaillé aussi dans une petite agence. À partir de 2009 mon activité a commencé à bien fonctionner et j’ai beaucoup travaillé.
Vers 2015, pour éviter un petit burn-out, à cause de peu de vacances, peu de boulots gratifiants, certains plans galères, des boulots absurdes par rapport à mon métier, je cherche à lever le pied. Trop de trucs injustes ! Pas éthiques…
Je veux appliquer ce que j'ai appris à l'école, gagner ma vie, et faire de belles choses pour des gens biens.

Pourquoi
je vous parle de ça ?
Suis-je un bisounours pour autant ?
On peut se dire : oui mais le monde marche comme ça. Oui, il marche comme ça parce que certains l'ont décidé. On peut se dire : oui, mais on ne peut rien changer. C'est vrai. Mais nous, nous pouvons changer.
Pourtant on a tous des valeurs (je déteste ce mot) : justice, égalité, liberté, solidarité, travail même. Valeur ≠ éthique. La valeur est relative… est-ce que le travail a la même valeur pour des personnes qui assemblent des smartphones que pour le PDG de la société qui les fait travailler ? Non.
Le travail n'est pas une valeur… Il créé de la valeur et on peut mettre de l'éthique dans son travail.
Donc même si le monde est ainsi fait, on a une éthique.

Ce n’est pas facile d’être freelance, ni d’avoir une agence. Prendre soin de soi est la première chose. Travailler dans de bonnes conditions en harmonie avec ses principes.
Équitable envers soi-même
Tiens, tu pars à 17h30 ? T’as pris ta demie-journée ?
Travailler au-delà de ses limites est dangereux pour la santé. Travailler tard ou travailler trop, n’est pas forcément bon signe (défaut d’organisation) et ce n'est pas une fin en soi. Le burn-out n'est bon pour personne. (soi, sa famille)
Le travail ne doit pas nous aliéner, l'entreprenariat n'est pas, ne doit pas être le bagne. Il faut donner du sens à son travail, après tout on y passe une bonne partie de notre temps, et on l’aime !

Génération
Burn-out


Un ami me demandait : comment tu vas assurer ta croissance ?
Que veut dire "faire croître son business" ? Est-ce bosser 7/7 et traiter 10 projets par jours ? Est-ce gagner suffisamment pour avoir du temps pour soi et sa famille, ses ami·e·s ? Prendre le temps de bien faire les choses ? On nous fait croire qu'il ne faut pas "stagner" mais grandir… (voir ces deux premières images bien clichées)
Le truc c’est qu’à un moment on arrive à maturité.
Une plante par exemple, au début elle va grandir. Mais arrivée à maturité elle arrête de grandir… pour profiter de sa croissance, profiter du soleil et s’épanouir.




On peut décider si on veut jouer le jeu ou pas.
Est-ce que j’accepte de travailler dans l’urgence ? Est-ce que j’accepte un boulot qui ne me correspond pas ? Est-ce que je mets des limites dans le nombre de propositions que j’envoie ? Est-ce que je mets des limites dans le nombre de retours possibles de la part des clients ?
À nous de fixer nos propres règles.

Respecter
toutes les règles ?
Le designer versus la croissance : du temps pour soi.
On sera d'autant plus efficace qu'on sera reposé et détendu. Je ne bosse plus le week-end, j’ai défini une heure où j'arrête et où je ne réponds plus au téléphone.
Parfois je m’autorise une activité pré-boulot : pendant 15 min je fais un peu de mon puzzle (ça dérouille le cerveau ^^). Je fais aussi des coupures piscine le midi.
Prendre des vacances, faire autre chose, voyager (ne pas avoir la tête dans le guidon). Faire de bonnes coupures, se dépayser, ça recharge les batteries et booste la créativité.

Trouver
Son rythme


Réserver aussi du temps pour ses projets perso, pour l’auto-formation. Perso, je fais de la veille, j’ai appris à utiliser le customizer, github, j’ai créé un starter-thème, un framework css…



On peut (on devrait) avoir une éthique dans le choix de ses clients, en fonction du secteur, de la demande…
Par exemple est-ce qu’on accepterait de travailler pour un parti politique dont on partage ou pas les points de vue ? Est-ce qu’on accepterait de travailler pour des marchands d’armes ? Des marques d’alcool ? Des boites de pub sexistes ?
Dire non aux plans galères (dans la mesure du possible). Par exemple des demandes de devis tirant vers le bas, des délais délirants…
Dire non aux clients toxiques et expliquer pourquoi (je suis toujours un bisounours là ?) J’ai arrêté de travailler avec 2 de mes plus anciens et plus rémunérateurs clients. Les conditions n’étaient plus satisfaisantes.
Ne pas bloquer son temps et risquer de rater de meilleures opportunités !
Personne ne pourra vous "griller" pour avoir une éthique.
Ça n’a rien d’évident tout ça. Parfois on a aussi besoin d’argent… Il faut essayer de faire au mieux, ça peut prendre du temps. Surtout, il faut accepter l'inconnu et accepter d’avoir peur. C’est le revers de la médaille d’être à son compte. (Mais à côté des autres avantages, ça va ^^) Il faut essayer de se dire : il y aura toujours d'autres clients !


Penser à soir c‘est le commencement, mais après soi, il y a les autres. Parce qu’on n’est pas tout seul en fait… Et qu’on est tous différents.
Équitable envers les autres
Cette année j’ai appris le mot inclusivité à ma fille : Elle a préparé des sablés au chocolat pour sa classe, mais aussi des versions à la pomme pour sa copine qui n’aime pas le chocolat. On doit penser à tout le monde.
On ne doit pas dire : c’est pas ma cible, c’est juste quelques personnes, c’est pas important...

Accessibilité numérique : plus de 12 millions+ d’internautes handicapés. Il faut prendre en compte tous les handicaps.
- Troubles de la vue : vision des couleurs, contrastes, audio-description
- Surdité : sous-titrage
- Troubles cognitifs : typo lisible, pictos légendés
- Handicaps moteurs : navigation au clavier.
On entend encore trop souvent que l’accessibilité nuit au design, que c’est compliqué… C’est faux. Ça demande certes une expertise, mais avec des bases solides en sémantique et en HTML on a déjà une bonne base !
Ne jamais négliger ces utilisateurs, ils doivent être considérés de la même manière que les utilisateurs "valides".

En freelance (ou en télétravail) on peut avoir envie de s’éloigner des villes. Hors des villes, pas toujours de fibre, d’ADSL ou de 4G. Depuis 10 ans je n’ai jamais eu plus de 4 Mo :)
J’avais 512 Ko en 2011. Et même avec 4 Mo certains sites avec beaucoup d’images ou de vidéos sont extrêmement lents. Une agence avec qui je travaillais disait : nos clients sont en ville, on s’en fout du bas-débit.
Moins de requêtes et des sites optimisés c’est plus écolo.

User first. Une utilisatrice ou un utilisateur, c’est un humain, on va écouter ses besoins. Ça paraît aller de soi mais on observe encore des cas ou le parcours utilisateur est forcé.
Ne pas imposer un outil ou une plateforme, ne pas tromper l’utilisateur ou le manipuler.

Les dark patterns sont des procédés de design destinés à tromper l’utilisateur ou à le forcer à faire une action.
Voilà une petite sélection… OUi, il y a des gens qui ont eu ces idées !
Privacy by design : c’est notamment le fait de penser la collecte et la protection des données personnelles dès la conception d’un produit ou service. Ne pas en collecter trop, surtout si on ne s’en sert pas. Ne pas les exposer inutilement.
Privacy by default : correspond lui au fait que par défaut (de base, sans intervention de l’utilisateur) les réglages propres à la confidentialité et à l’utilisation faite des données personnelles par le fournisseur de service, doivent garantir la protection de la vie privée. Opt-in et non opt-out.
Source vidéo : darkpatterns.org







Réserver du temps pour du bénévolat, ou adapter ses tarifs.

Contribuer à des projets open source, faire du bénévolat, intervenir lors des WordCamps, publier un plugin… :)

Les tarifs peuvent être relatifs. Alors c’est pas à la tête du client ^^ mais plutôt au besoin et au porte-monnaie du client.
Des collègues disaient : on doit proposer les mêmes prix pour tout le monde, si tu peux pas payer tu fais toi-même.
Je pense qu’il faut pouvoir adapter sa prestation. C’est possible sans se "faire avoir". Là où il faut être vigilant c’est ne pas casser ses prix pour des clients qui ont du budget.
L’ampleur de la diffusion peut être un facteur de tarif (Exemple : une ferme en Seine-et-Marne). Ou bien on peut pratiquer des tarifs solidaires (Exemple : Espace 19)





À tout design équitable, il y a des outils équitables. Des outils qui profitent réellement à toutes et tous.
Des outils équitables
On utilise des outils par habitude : par exemple la suite Adobe qui domine le marché… Les habitudes peuvent se perdre :) Il faut essayer d’éviter les automatismes, ne pas croire que c'est la seule et la meilleure solution.
Il y a quelques années, pour chaque site réalisé, j’installais Google Analytics et une carte Google Maps à chaque fois, systématiquement. Le client n’en n’avait pas forcément besoin mais je pensais que c’était un peu "la base". (le deuxième mouton, c'est moi.)


Changer d'outils c'est parfois accepter un peu moins de confort, un peu moins de performances contre plus d'équité.
Souvent il faut ré-apprendre, et ça demande un effort. On se dit que ça marche bien alors pourquoi changer ?

Les outils gratuits on croit que c’est win/win, qu’on va donner un peu de soi en échange du service. Mais ce n’est pas si win/win. Se poser la question à chaque fois.
Se demander s'ils ne prennent pas plus que ce qu’ils donnent.
- Google Maps devient payant après être devenu un incoutournable
- YouTube inflige de plus en plus de pub
- Google analytics c’est de la triche, ils ne donnent pas toutes les infos… (not provided)
- Google Search… je ne l’utilise plus depuis 2014. Je cautionne pas l’effet "bulle filtrante" et tracking à tout va.
- Et Gmail ? Finalement c’est une boite mail… Gmail lit le courrier (pour simplifier) il va vous afficher des pubs ciblées ou vous suggérer des réponses… J’ai des clients qui font du mapping de leurs boîtes mails sur des compte Gmail…
- Doit-on installer Gmaps ou mettre une simple image ?

win
win
- Se demander :
- Pourquoi j’utilise cet outil plutôt qu’un autre ?
- Comment cet outil s’intègre dans mon workflow ?
- Comment je me sens en utilisant cet outil ?
- Et surtout se demander :
- Est-ce que c'est juste de l’utiliser ?
- Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
Pourquoi toujours faire gagner les moins éthiques ?
Penser aux alternatives : Donner une chance aux autres services, au autres outils de se développer. Encourager la concurrence et les applications respectueuses de la vie privée et de l’humain.
Voilà les alternatives que j’utilise :
- Le suite Affinity (vs Adobe)
- Sketch (vs Adobe)
- Nextcloud (vs Google/Apple)
- Lilo (vs Google Search)
- Matomo (vs Google Analytics)
- OpenStreetMap (vs Google Maps)
- Fontlibrary et l'encodage de polices achetées à des créateurs indépendants (vs Google Fonts et Typekit)
Le site alternativeto vous permettra de trouver pleins d'alternatives, et Framasoft édite plus d'une trentaine de logiciels libres alternatifs.










Conclusion
Biblios et sources :
Articles
- Génération burn-out
- Success story : VLC
- Humans, not users
- Ce qui me fait détester votre site web en 2019
- Lilo, moteur de recherche solidaire
Sites
Conférences
- Alex Carmona: Let it Slow
- Mylène Boyrie: Privacy by design et WordPress
- Design de l'indépendance (G. Dorne)
Merci à Noémie d'avoir participé aux photos :)
Merci !